Quoi de plus absurde que de répondre à l’injonction de la nouveauté quand elle se formule au travers d’une langue morte ? C’est peut être pour conjurer la fin du langage philosophique que je tente de manifester sa pertinence au travers de thèmes et d’objets issus du quotidien.

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vendredi 28 septembre 2012

Peut-on encore croire qu'il y ait un camp de sauvages en guerre contre un camp d'hommes civilisés?


Il n'y aura aucun suspens dans cette question. Certains hommes, des américains en l’occurrence, pensent qu'il y a un combat contre la barbarie incarné par les djihadistes (fait étrange, mon navigateur m'indique une erreur d'orthographe et me conseille ce terme par jardiniste)  et que dans ce combat, Israel incarne le camp qu'il faut soutenir. Irons nous jusqu'à remarquer l'opposition entre le bleu et le rouge, cher aux fans de Star Wars pour manifester le combat entre les Jedis et les Siths ? Ce ne serait pas sérieux, mais que cela soit dit en passant. J'ai du mal à croire qu'une telle naïveté aille jusqu'à se répandre en affiche dans le métro New Yorkais. Il est très intéressant de constater que ce n'est même pas le propos d'un juif puisque cette affiche est financée uniquement par une initiative américaine. 


"L'attitude la plus ancienne, et qui repose sans doute sur des fondements psychologiques solides puisqu'elle tend à réapparaître chez chacun de nous quand nous sommes placés dans une situation inattendue, consiste à répudier purement et simplement les formes culturelles : morales, religieuses, sociales, esthétiques, qui sont les plus éloignées de celles auxquelles nous nous identifions. « Habitudes de sauvages », « cela n'est pas de chez nous », « on ne devrait pas permettre cela », etc.., autant de réactions grossières qui traduisent ce même frisson, cette même répulsion en présence de manières de vivre, de croire ou de penser qui nous sont étrangères. Ainsi l'Antiquité confondait-elle tout ce qui ne participait pas de la culture grecque (puis gréco-romaine) sous le même nom de barbare; la civilisation occidentale a ensuite utilisé le terme de sauvage dans le même sens. Or, derrière ces épithètes se dissimule un même jugement: il est probable que le mot barbare se réfère étymologiquement à la confusion et à l'inarticulation du chant des oiseaux, opposées à la valeur signifiante du langage humain; et sauvage, qui veut dire «de la forêt », évoque aussi un genre de vie animal par opposition à la culture humaine. [...]
Cette attitude de pensée, au nom de laquelle on rejette les «sauvages» (ou tous ceux qu'on choisit de considérer comme tels) hors de l'humanité, est justement l'attitude la plus marquante et la plus instinctive de ces sauvages mêmes."

Claude Lévi-Strauss, Race et histoire, Éd. Denoël-Gonthier, coll. Médiations, 1968, pp. 19-22.


Même si la servilité américaine ne nous interdit pas de penser que certains israéliens sont d'accord avec cette affiche, rien ne permet de dire que c'est la lecture israélienne de leur conflit avec la Palestine ou l'Iran.

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