Quoi de plus absurde que de répondre à l’injonction de la nouveauté quand elle se formule au travers d’une langue morte ? C’est peut être pour conjurer la fin du langage philosophique que je tente de manifester sa pertinence au travers de thèmes et d’objets issus du quotidien.
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mercredi 28 juillet 2010
« Je croyais entendre la clarté de la lune chanter dans les bois »
L’onomatopée, du grec ancien ονοματοποιία désigne la création de mots. Elle est composée de nomos, le nom, mais aussi de poiesis, qui signifie créer et qui est bien évidemment l’origine étymologique de la poésie. Ce lien entre l’onomatopée, art du vulgaire et des humbles de retranscrire le monde dans un vocabulaire qu’il n’ont pas et la poésie que l’on se figure être l’œuvre artistique par excellence n’est pas innocent. La génération spontanée d’onomatopées n’est pas à proprement parler l’œuvre de ceux que l’on a retenu parmi nos génies littéraires, pourtant, la littérature jeunesse et plus encore la bande dessinée réservent un sort particulier à ce langage animal et barbare[1] qui se veut une stricte imitation de la nature. Au babil inintelligible du barbare s’oppose le λόγος grec, langage rationnel, formalisé et institutionnel. On comprend aisément que l’onomatopée est donc l’affaire du peuple, de la plèbe et des tiers-mondistes du capital culturel. Et puisque certains penseurs modernes osent encore actualiser le concept du barbare[2], alors appelons barbares ceux qui font encore usage de ces borborygmes informes et grotesques que sont les blams, les bangs, et les kaboums.
[1] Rappelons que le barbare pour le grec c’est précisément celui qui est incapable de s’exprimer autrement que par des bruits et des approximations sonores. Le mot barbaros est lui même une onomatopée. Cela trahit de toutes évidences le mépris grec à l’égard de celui qui ne partage pas sa culture. A
[2] FINKLEKRIAUT A., La défaite de la pensée, Folio Essais, Paris, 1989.
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